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Costes, le retour du refoulé
Au début était l'homme qui chiait.
À la fin est l'homme qui chie.
Entre les deux, Costes.
Entre les deux, le passage de la nature au spectacle.
Enlevons la défécation qui est le stade extrême de ce que l'homme refuse, cette saleté d'animalité où le langage n'a pas de prise quoi qu'avec la constipation…
Reste la nudité.
Le moteur de l'Underground, dès ses débuts, a été l'exhibition du corps, la transgression des codes sociaux, montrer ce qui devait être caché.

Bal Bullier / Marcel Duchamp (1950) / Yoko Ono (1967) in Underground, l'histoire

La première performance a été de montrer, la seconde de s'attaquer ou de détruire ce que l'on dévoilait. Grimages, déguisements, scarifications, automutilations.
Dire, se dire ; la surenchère grimpe au fur et à mesure de la banalisation.

Jean-Louis Costes est le point le plus avancé de cette progression, la tête de pont des performeurs.

Dévoileur d'une vérité, il devient objet de haine. Champion de l'archaïsme, il devient champion des rejets.

Il est le retour du refoulé que les biens pensants veulent détruire.
Il faut reconnaître que ses films, ou spectacles, sont à la limite de l'insoutenable. Trop c'est trop.
Pourtant, ils sont une nécessité. Quelque chose, là, nous forge. On est fait de ça, c'est en nous, c'est le feu sacré, le diable caché. Ce Prométhée ramène la merde au lieu du feu, mais ça brille et chauffe pareil, le déféqué est l'or freudien, l'interrogation à la mère voire l'imploration "aime-moi avec tout ça."
Importe-t-il à Costes d'être aimé ?
Qui peut se passer de ça ?
Il faudrait l'aimer jusqu'au bout de lui-même.
Par son archaïsme, Costes est le performeur le plus avancé.

Costes en spectacle

Carolee Schneemann, New-York 1963 / Happening d'Otto Muehl, Vienne 1965 in Underground, l'histoire, Actuel / Denoël

Interview de Jean-Louis Costes par Thierry Zalic


TZ : À partir de quand as-tu trouvé ta voie particulière ?

Je n'avais aucune intention avant-gardiste. Je jouais au début des années 80 du rock, des tubes de Deep Purple et autre hard rock, mais comme j'étais asocial et chantais faux, je me faisais toujours virer des groupes. Vers 1985, quand sont apparus les premiers magnétos à cassettes multipistes, je me suis définitivement enfermé chez moi et fais ma musique tout seul. C'est la solitude qui m'a permis de me libérer du carcan esthétique du rock et de trouver mon style. J'ai sorti un premier disque en 1986 "secouez... crevez !" et commencé à faire des shows en 1987.

TZ : Quelles sont tes origines ? Ont-elles joué un rôle dans tes fantasmagories ?

Mon père est militaire et ma mère catholique pratiquante. J'ai été élevé avec une grande sévérité dans des collèges catholiques. J'ai toujours haï ma famille et l'école. Évidemment, comme tout le monde, j'ai été forgé par mon milieu, mais ca ne suffit pas à expliquer mon art. Ce que je fais est la réaction de l'individu face au groupe, j'exprime l'inadéquation de l'individu face aux règles du groupe, c'est une situation universelle, quelles que soient les cultures.

TZ : Quelles pulsions te poussent à aller vers un art extrême ? Est-ce un art ? Un message ? Une contestation ?

Je fais simplement ce qui me plait. Quelque chose en moi me pousse à faire ce que je fais. Je ne considère pas mon art comme extrême mais comme évident et très loin encore de ses limites. Je n'ai pas de message, je dis n'importe quoi, mais de ce n'importe quoi se dégage un message, un message que je ne comprends pas moi-même. Je suis un médium. Je ne conteste rien non plus. Mes seuls moteurs sont la haine des autres et de la société, la frustration et la vengeance. Comme ils n'aiment pas ce que je fais, je crie de plus en plus fort et deviens de plus en plus méchant.

TZ : Tu m'as dit qu'il n'y avait pas de provocation dans tes spectacles. Es-tu tout de même conscient de provoquer ?

Les cons qui prétendent être provoqués par ce que je fais mentent. Le caca que je fais sur scène n'est rien à côte de l'apocalypse de merde et de sang qu'est chaque accouchement. Mon œuvre n'est qu'une pale représentation de la réalité. La vraie provocation obscène c'est Arthur qui étale sa connerie satisfaite à la télé avec toute sa bande.

TZ : Y a-t-il de l'humour, du second degré dans ta débauche ? Mais sans doute n'apprécies-tu pas le mot débauche ?

Quand je fais mon truc, il n'y a aucun humour, pas de second degré. Je deviens vraiment le con, l'amoureux, le tireur, le nazi ou bien le chevalier justicier. Je suis à 100 % dans mon rôle, je me prends à mon propre jeu. Mais une fois l'œuvre terminée, je suis le premier à rigoler devant la connerie ubuesque de certains passages. La connerie humaine, la mienne en premier, m'hallucine.

TZ : On te retrouve dans le grand livre Underground, l'histoire, dirigé par Bizot. Penses-tu participer à ce mouvement ? T'y reconnais-tu ? Que penses-tu de lui ?

Je suis underground par la force. Ce sont les maffias du show-biz et de l'art subventionnés qui forcent un artiste comme moi à crever dans sa merde dans l'obscurité. De moi-même je ne me considère pas du tout marginal. Je suis sûr que mon œuvre, peu formelle et esthétisante, simple, directe et crue, peut être comprise par tous.

TZ : Tes films paraissent réalistes. Tu me diras que c'est le fait du cinéma de ressembler à la vérité. Y a-t-il néanmoins des scènes de viols, sado masos, lacérations, ingurgitations scatologiques qui soient vraies ?

Dans mon œuvre, toutes les scènes qui ne mettent pas en danger la vie sont vraies. Je chie vraiment, je mange vraiment ma merde, je me branle vraiment et j'éjacule vraiment, je frappe et blesse vraiment, mais je ne tue pas vraiment car ca serait irréversible. Pourquoi truquer quand on peut faire vrai ? Pourquoi utiliser un gode quand on a sa queue ? Pourquoi compliquer quand on peut faire simple ?

TZ : À quoi répond l'utilisation de la croix gammée ?

J'utilise tous les symboles que la société et les médias nous mettent dans la tête, de coca-cola à la croix gammée en passant par la musique de France Info. La croix gammée n'est qu'un de ces symboles entre autres.

TZ : Pour toi, qu'est-ce que l'amour ? Ne peut-il être qu'extrême ? Est-ce une supercherie bourgeoise ?

Je n'aime personne. Je n'ai aucun ami. Je ne peux donc pas répondre à cette question.

TZ : Beaucoup doivent de penser fou, ou malade. Que leur réponds-tu ?

Bof... Je ne suis pas spécialement fou ou malade. Des fois je me sens menacé par la folie, et ça n'a rien à voir avec la créativité. C'est la destruction de la personnalité, c'est la mort mentale sous le folklore comportemental. La folie qui détruit est tout le contraire de mon art qui me renforce.

TZ : N'es-tu jamais fatigué de lutter contre l'establishment qui te fait procès sur procès et contre les extrémistes qui t'agressent ?

Je suis épuisé d'être persécuté depuis 1997, soit 7 ans sans interruption, par l'union des étudiants juifs de France et ses alliés, la LICRA, le MRAPLDHL, la LDH. Ils m'ont ruiné totalement, vont faire de moi un clochard, mais je ne céderai jamais. Je comprends qu'ils vont me faire crever à force de sabotages, procès, mais aussi pressions sur les salles de spectacle, les distributeurs et les médias pour m'interdire totalement. Je ne cèderai pas et je vais prouver qu'une œuvre culturelle sans concession, vraie, peut mettre une claque à ces censeurs. Je suis un individu pauvre et isolé qui ne peut que perdre face à ce réseau organisé et proche du pouvoir, mais l'œuvre de mon esprit peut les battre à terme. Ils vont me détruire, mais ils ne détruiront pas mon œuvre.

TZ : Penses-tu être un génie ? Une nécessité sur terre ?
Un Michel-Ange du caca ?


Je suis un génie. Je n'ai aucun mérite en cela. Quelque chose parle du fond de moi qui est plus fort que moi. Mon seul mérite est d'avoir laissé parler la voix intérieure omnisciente et surpuissante. J'ai le pouvoir de changer le caca en or.

TZ : Quels sont les autres artistes que tu apprécies ?

L'art des autres ne m'intéresse pas. Je suis totalement absorbé par mon œuvre. Je ne crée pas en fonction d'évènements culturels extérieurs mais en fonction d'exigences intérieures.

TZ : Quel est ton projet le plus fou, réalisable ou non, que tu rêverais de faire ?

J'ai réalisé tous mes projets et tous mes rêves sauf un seul : mourir en martyr. Mais l'UEJF va m'y aider.

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