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Robert OYONO
peintre
Celui qui s'accouche peintre


Robert Oyono est peintre et éboueur. Un moment gardien de parc, il a viré éboueur. Selon les jours, il est à la benne ou au balai.

À le voir, vous le penseriez fils de ministre africain. Toujours habillé impeccablement, maniant un français châtié, entre truculence de récit "comment j'ai fait l'amour avec ma psychanalyste" ou "mes copines déchues du XVI ème" et réserve aristocratique, ne se déshabillant même pas sur les plages.
Quand j'ai vu ses premières œuvres, j'ai pensé avoir rarement vu un peintre si mauvais. Puis les années ont passé. Robert s'est acharné, le travail, la volonté d'être artiste, remettre cent fois l'ouvrage sur la toile enduite, de grand format de préférence.

Robert Oyono s'invente, l'acharnement paie. Il trouve peu à peu sa voie. Le déchet le fascine, le rebus, les natures mortes pas composées mais décomposés et sortant de sacs-poubelles, les os, les reliefs, le sang, la matière.
Il rejoint les Chardin, les Jéricho, les Bacon, pas encore avec leur magnificence mais ça vient, il accouche de lui-même le peintre, il devient des leurs.
Aujourd'hui lauréat de la Fondation Taylor, Oyono postule pour la Villa Médicis. Il est sur la voie.

Voir d'autres tableaux d'Oyono sur la page consacré à serge André

P.S.

Robert Oyono s'est suicidé début juillet 2003, d'une prise massive de Nivaquine, comme font beaucoup d'Africains.

J'ai appris qu'il allait être expulsé de son appartement d'artiste. Il eut suffi de quelques mots à ses amis pour que ceux-ci trouvent une solution.

Mais, lui qui a aidé tant de gens, financièrement ou par le coeur, n'a pu s'absoudre de sa fierté.

D'autres raisons ont pu provoquer ce geste. Mais je n'ai pas accès à ce désespoir plus profond.

Robert Oyono commençait juste à se faire connaître. Croyait-il vraiment en lui ? Qu'on ne lui achète pas plus de toiles le blessait.

Aujourd'hui, il manque. C'est le signe qu'il a fortement existé.

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