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Costes, par Agnès Giard

costes par Miss Trash

costes par A.V.D.L.

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portrait de Kouille Max

Costes par Agnès Giard

les spectacles

Viva la merda/Grand-Père

L'indispensable

journaliste, spécialiste de l'érotisme et de la marginalité
Il a enregistré plus de cinquante cassettes, une trentaine de CD, donné des centaines de concerts internationaux et réalisé des dizaines d'opérettes hallucinées. Mais Costes n'aurait jamais pensé devenir aussi célèbre : depuis le 16 mars 1997, il est poursuivi devant les tribunaux par toutes sortes d'associations (Union des Etudiants Juifs de France, Licra, MRAP, etc.) pour la publication sur son site Internet des paroles de l'album " Livrez les blanches aux bicots "…

Les doigts sur les murs

Florilège : " Trop de bicots dans les rues, trop de négros dans le métro / Trop de négresses accroupies dans les chiottes turcs chient à côté dans l'obscurité / S'essuient les doigts sur les murs et touchent la monnaie / Et quand je prends la monnaie je touche leur merde. " Le tout hurlé d'une voix suraiguë et noyé dans d'autres flots de paroles où Costes se chie dessus. Le voilà ainsi attaqué pour des textes qui n'ont pas été compris : Costes n'est pas raciste, ne l'a jamais été.

Bête immonde

Au contraire. Le performer tourne en dérision les amis de Le Pen en parodiant à l'extrême leur discours. Un enfant de 5 ans comprendrait ça. Mais, depuis trois ans, de musicien provo et underground, Jean-Louis Costes a accédé au statut peu enviable de bête immonde prônant un racisme ordurier à caractère scatologique. Comme une erreur de transmission. " Je vous le jure, Costes, c'est vraiment un type bien. " Là où vivent les oubliés de Saint-Denis, les immigrés du 93 qui croupissent dans des maisons quasi insalubres, Costes a la cote.

Hiroshima sonores

Les gosses du quartier l'adorent. Lui-même n'aspire qu'à la tranquillité. Costes ne sort presque jamais de chez lui. Il passe son temps à jouer dans la cave. Et puis à se branler aussi. Dans cet antre, près du canal, il compose des Hiroshima sonores, chansons hurlées, maxi trash mega provoc' (" Je m'appelle Costes, Jean-Louis Costes, né à Paris en 1954, un vieux con de Français. J'suis un vieux con de Français, fils de Français, arrière petit-fils de Français.



L'anus marron

Blanc de la tête aux pieds, bon, pas tout à fait blanc, c'est vrai. J'ai la queue marron, bon, ouais, j'te jure, j'ai la queue marron, tu veux que j'te l'prouve ? J't'assure, j'ai même l'anus marron, tu veux que j'te prouve que j'ai l'anus marron ? Tu crois que j'suis pas cap' de te prouver que j'ai l'anus marron devant toute la cité ? Tu veux que j'baisse mon froc et que j'te prouve que j'suis pas vraiment un blanc de la tête aux pieds ? " Extrait de Sperme blanc sur l'album Nik ta race).

Des cris d'amour

Loin de l'humour potache des salles de garde ou du Caca's Club, ces chansons sont également des murmures d'agonie ou… des cris d'amour. Car le secret de Costes - pincez-vous le nez -, c'est l'amour. " L'amour dans toute sa déchirante atrocité, commente Jérôme Noirez, musicologue sympathisant. L'amour, dans ce qu'il a de plus lyrique et en même temps de plus cru.

Mystique et coincé

Costes se situe dans la grande tradition du fin'amor, de cette poésie courtoise qui alternait avec des "contre-textes" obscènes, violents et anticléricaux ". Costes, troubadour moderne ? Peut-être. Mais c'est surtout un créateur fou qui traite de sujets sensibles (violence, caca, racisme, cul…) parce que l'amour, c'est bien, mais - quand on est martyr, mystique et très coincé - ça fait mal ! Prenez l'amour filial par exemple. Costes en a mal au cœur : " Père militaire violent et mère catho grave complice. "

Fourreaux suggestifs

" Pas un seul souvenir heureux de ma vie de 0 à 18 ans ", confesse-t-il. L'adolescence n'est guère plus brillante : " Totalement asocial, aucun ami, passe mon temps dans ma chambre à me branler et à faire joujou au suicide avec des rasoirs. Je hais tout, tout le monde et surtout moi-même. " Dans ce contexte, l'art se présente comme un exutoire salvateur : Costes fabrique des " poupées de bite ". Il enfile des fourreaux suggestifs sur son sexe en érection et, devant le miroir, se fait des petits strip-tease, ôtant un à un les rubans de tissu et de cellophane dans un lent dévoilement érotique.

Trop belle

Costes fait de la performance et sublime déjà beaucoup : le voilà éperdument amoureux d'une fille du Lycée - Anne van Der Linden - " trop belle " pour lui et qui alimente ses fantasmes. A 18 ans, son destin d'artiste frustré branleur prend forme : il quitte ses parents et " vire zonard drogué ". Paradoxalement, ça lui sauve la vie. " J'étais tellement complexé que, sans la drogue et l'alcool, j'aurais jamais réussi à baiser une fille. Ça commence bien comme histoire, hein ? Les origines d'un génie. "

Musique et masturbation

Effectivement, ça prend forme : Costes fait des débuts fracassants dans la musique : " Je jouais des claviers dans des groupes rock de drogués où on passait plus de temps allongé sous le piano qu'a jouer dessus. " Qu'importe. Il tient le bon bout. En 1983, il a 29 ans. Plus asocial que jamais, il s'enferme définitivement chez lui pour se consacrer à ses œuvres : musique et masturbation. " Solitaire, sans plus aucune contrainte, ma musique se radicalise à toute vitesse.

Une petite minorité crie au génie

Tout le monde se fout de ma gueule, ce qui a pour effet de rendre mon style toujours plus agressif. Je suis décidé a faire chier un max ! " De temps en temps, lors de sorties surprises, il distribue gratuitement ses cassettes à la sortie des concerts branchouilles. Les gens refusent, effrayés. D'autres acceptent, puis veulent lui casser la gueule après les avoir écoutées. Une petite minorité crie au génie.
Sifflets et crachats

Costes enregistre des chansons bouleversantes. L'art c'est la guerre, en 1986, est un de ses plus magnifiques albums. En 1986, justement, c'est le début d'un (relatif) succès : Costes fait des concerts ! " Toujours aussi complexé et persuadé de ma nullité, je pense que me voir seul sur scène brailler mes chansons bruyantes doit être chiant pour le public. Idée confirmée par les sifflets et crachats des punks lors de mes premiers concerts, tous interrompus au bout de cinq minutes. " Ça ne fait rien, il continue.

Yaourt-épinard-chocolat

Distribuée par le biais du mail-art, son œuvre dépasse les frontières. Il part aux Etats-Unis et tombe amoureux de Lisa Suckdog qui, comme son nom l'indique, est aussi adorable et timbrée que lui. Elle l'épouse. Quand elle apparaît sur scène - drapée de nudité candide et juvénile -, le public arrête de siffler. Costes en profite pour créer des " opéras pornos sociaux " où la violence de ses chansons se transforme en sévices sexuels simulés et barbouillages au yaourt-épinard-chocolat. Ça passe ou ça casse.

Sabre rouillé

Ces shows plaisent rapidement. Costes tourne en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Là-bas, il a même des groupies : " Je tombe chez le manager de ma tournée, dans une maison de samouraï en ruines. C'est un pédé fou amoureux de moi qui me répète "I love you Costèsse", qui se glisse la nuit nu dans mon lit et qui finit par vouloir me tuer avec un sabre rouillé. ". Anecdote authentique. Les ennemis de Costes sont tout aussi dangereux. Parmi eux : Kool Shen.

NTM-FN

Sous prétexte que Costes est amoureux de sa copine, Shen débarque un soir, pas cool, et tente de défoncer la porte en hurlant des menaces. Le lendemain, Costes commence la première chanson de l'album NTM-FN, brûlot délirant entièrement dédié à la dénonciation du célèbre duo de rap français, présentés comme de vulgaires démagos. On y entend Kool Shen dire " Y a pas que ta mère que je baise, y a aussi ta meuf. " Un message personnel laissé sur le répondeur du chanteur fou. Quand on a une embrouille avec Costes, toutes la ville est au courant.

Carrière de martyr

Autres gentils messages : ceux des fachos. Parce qu'ils le haïssent, des néonazis téléphonent un soir à Costes et lui disent qu'ils vont tuer un Pakistanais. Costes raconte cette histoire sur son site Internet. Après quoi, un journaliste écrit dans un article que Costes a tué un homme. " Le pire, c'est que même les plus sceptiques, les plus contestataires y croient. Il se disent "Si c'est dans le journal, ça doit être vrai." C'est le début du quiproquo. " Parce qu'il choque trop et qu'il renvoie dos à dos toutes les idéologies, Costes entame une carrière de martyr.

Invendable

" A l'école, j'avais pas le droit de chanter tellement je chantais faux, ça foutait en l'air la chorale. Et je continue à foutre en l'air, la chorale, qu'elle soit techno ou rap, c'est pareil ! " Parce qu'il fait de la provocation sur Radio Libertaire, même les anarchistes le virent. Parce qu'il écrit des chansons antiracistes intitulées Les races puent, il se fait poursuivre pour " incitation à la haine raciale ". Trop destroy, invendable, inclassable.

Grandes causes

En 1997, c'est le début de son odyssée. L'Union des Etudiants Juifs de France le poursuit en justice pour avoir mis sur son site les paroles de son album "Livrez les blanches aux bicots" (un album qui caricature et parodie les racistes). Costes va à la Ligue des Droits de l'Homme pour obtenir de l'aide. Mais, quelques jours plus tard, il apprend que la Ligue porte également plainte contre lui. " Les pourfendeurs du mal, les chevaliers des grandes causes, ils se débinent. "

Harcèlement judiciaire

" Raciste, quelle horreur… Si encore on m'accusait d'être porno ou antiflic, là je pourrais compter sur tous les révolutionnaires de salon. Mais le mot "raciste" paralyse tout le monde, même si c'est faux." En trois ans, il gagne successivement trois procès contre ses accusateurs. Peine perdue : à force de harcèlement judiciaire, l'UEJF, la LDH, la Licra et le Mrap obtiennent la levée de la prescription sur Internet. Résultat immédiat : l'extrême droite profite de cette décision pour tenter de réduire au silence un site antifacho.

Lopin en Guyane

La Ligue des Droits de l'Homme s'aperçoit, mais trop tard, qu'elle a marqué contre son propre camp. Dégoûté, Costes s'est acheté un lopin en Guyane… A tout prendre, les singes sont moins cons que les hommes. De temps en temps, il part dans la jungle pour manger des bananes et puis, quand il revient, c'est pour se battre, comme un martyr : " Enfant, je trippais et me branlais sur les vies de saints si sexy bouffés nus par les lions devant tout le monde.

Sorte de cri fécal

" Je veux être bouffé nu par les antiracistes sous l'œil froid de mille webcams reliées aux cinq continents ". On l'aura compris : Costes emmerde le bon sens et le goût. Sorte de cri fécal, ses productions ne flattent pas l'oreille mais hérissent le poil. Notre côté socialement correct trouvera ça au choix " nul ", " inutile " ou " gratuit " (ce qui n'est pas si mal dans un monde où tout est payant). Mais la petite fille démoniaque qui sommeille en nous ne pourra que ricaner.

Un hérétique

Costes est ce qui reste de l'individu 2001 quand on lui a arraché tous ses appendices sociaux : le bon sens, la raison, la décence, la dignité, la fierté, l'apparence, la race, le genre sexuel… Reste un trou noir qui éructe et défèque quelques vérités bien fumantes. Il vous met le nez dans la merde jusqu'à s'éclabousser lui-même. Dans une époque qui a la religion du bon goût et de la frime, Costes est un hérétique.

Jusqu'à la mort

" Désormais, je ne crie plus seul dans une cave au fond d'une banlieue. Je me bats, jusqu'à la mort, contre l'ordre moral, en pleine lumière sur Internet. Ma première cassette s'appelait "L'art c'est la guerre". Maintenant c'est la réalité : J'ai fait la preuve qu'avec l'art, un branleur vraiment branleur à mort peut faire trembler les pouvoirs. "

Agnès Giard le 21 mars 2001
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