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Sarah K.477

éditions QUE
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Sandrine Rotil - Tiefenbach
écrivain
Enthousiamé par la lecture de Sarah k.477, j'ai écrit une critique, puis ai demandé à l'écrivain, par l'intermédiaire de son éditeur, d'y répliquer :

Les critiques sont la plupart du temps des ovnis pour les auteurs, mais ils ne peuvent jamais y répondre.

J'aimerais avoir une réaction écrite de la part de Sandrine Rotil-Tiefenbach, qu'elle trouve cela pertinent, déplacé ou délirant peu importe, elle est entièrement libre de sa réponse qui paraîtra sans aucune censure.

Sa réplique, à la suite du texte, fut cinglante.
Sandrine Rotil-Tiefenbach aime qu'on lui lèche le minou et se promener sans culotte.

Elle aime vraiment qu'on lui lèche le minou.
Est-ce de l'anecdote ?
La qualité littéraire de Sandrine Rotil-Tiefenbach est certaine et son récit, important, soulève plusieurs questions.
Quelle est la part du fantasme et de la réalité ? La forme romanesque est-elle supérieure au récit autobiographique ?
L'héroïne de Sandrine Rotil-Tiefenbach répond en partie à la première question en fuyant la réalisation d'un fantasme face à une réalité qui apparaît d'une part dangereuse, mais surtout ne se superpose pas au canevas imaginaire. La réalité déraille face au fantasme. Cette réalité devient oppressante, vulgaire, décevante forcément décevante dirait Marguerite (Duras).


Maintenant elle voudrait bien que ça s'arrête. En reste-t-il un à n'être pas déjà passé ? Son vagin irrité veut grâce. Ouvre la bouche. On lui enfonce une langue, fourrage son palais. Peut-elle s'ouvrir encore... Un trop-plein de peau l'emprisonne. Elle déploie sa gorge, et, le temps de sentir que ce n'est plus une langue qui y est enfouie, la crème gicle soudain, en petits jets nerveux, grasses saccades, jubilation. Un haut-le-cœur s'avorte sous la poigne de la bête. Elle est en train de la toucher, la bête, l'homme physique, un sexe, seulement un sexe, nu, turgescent, brutal et voluptueux. Elle sait désormais d'où la vie prend son corps, sans réflexion ni décret, sans calcul et sans trêve. Les siècles par milliers s'engouffrent dans ses veines, femme frêle inébranlable, mère des chairs du monde, gardienne de toutes les nuits des temps.

Ce destin de l'échec du fantasme est-il inéluctable ? S'il était si bon, si parfait, risquerait-on d'y sombrer, d'y mourir ?
Le nom de Sarah k.477 fait référence à une musique funèbre maçonnique de Mozart.
Ce chant d'amour et de désir place bien ses mots qui tournent autour du corps, le sien et celui fuyant de l'objet désiré. Les mots tissent un polo à mailles qui porte l'espoir qu'un sexe d'homme les écarte. Le texte est composé comme une double sonate du corps et de l'esprit où deux instrument se répondent.
Au déroulé de Mozart presque mécanique s'il ne possédait pas la grâce, s'ajoutent des aspérités plus actuelles de Debussy et une souffrance chostakovienne. Oh ! pas une grande souffrance, mais la chaleur non cadenassée de la souffrance de son sexe.
De là, ça parle. Tout phénomène de sexe est sous-tendu par une histoire. Le désir se raconte en mots avant de s'appliquer dans sa chair, et cela même si le sujet n'est pas conscient de cette histoire. Mais il l'agit. Il ne part pas de rien.

Le roman est-il supérieur à l'autobiographie ?
Personnellement, j'aimerais qu'enfin les personnes puissent se dire, qu'elles affirment leur Je qui veut sucer, se faire lécher… que Rotil-Tiefenbach dise " Moi Je, Sandrine, aime qu'on me lèche le minou, que la langue rentre bien profonde, que le chien lécheur ait plein la bouche de mes poils, que mon clitoris rentre bien dans une de ses narines".
Le mensonge est contenu dans la vérité. Il ne faut pas prendre celle-ci au pied de la lettre, et inversement. La vérité est un pylône qu'il faut voir de tous côtés, y compris ausculter sa racine. Elle est inatteignable. Comme le relève Serge André citant Lacan "la vérité elle-même a structure de fiction".
Pourtant, en affirmant un Je, on pourrait peut-être inciter les individus à se dire, à se murmurer enfin des confidences inavouables et privées quand toutes les conversations quotidiennes ne visent qu'à se taire, à cadenasser ses pulsions, à paraître soit brillant ou beau, objet désirable, soit peu dangereux.
Qu'il serait beau que les gens se mettent en danger, qu'ils osent leur faiblesse qui deviendrait leur force, qu'ils exhibent leurs extrêmes ou dévoilent leur sentiment de rien.
Le roman de Sandrine Rotil-Tiefenbach est une forme de Journal de Bridget Jones moins grand public mais en cela plus vrai.
Encore un excellent récit révélé par les éditions QUE.
.

Réponse
de

Sandrine Rotil-Tiefenbach


Est-ce que, quand Moi, Je, me mettrai dans la peau d'un tueur en série (ou d'une tueuse), Lui, Il, Thierry Zalic, va écrire : "Sandrine Rotil-Tiefenbach aime tuer les gens et se promener avec un Smith & Wesson calibre 38 spécial 2 pouces dans son sac" et puis " ça serait bien qu'elle dise franchement Moi, Je, SRT, aime faire sauter la tête de ma victime, aime voir sa cervelle éclater en pluies de chairs visqueuses et jouir des copeaux d'os de crâne sanguinolents qui m'explosent à la gueule et bien partout autour sur choses, moquette et papier peints " ?

Est-ce que le fait, pour Lui, Il, Thierry Zalic, de savoir si Stravinsky se grattait les couilles le matin plutôt avant ou plutôt après d'aller pisser va changer son appréciation de l'œuvre aussi scandaleuse que magnifique Le Sacre du Printemps ?

C'était quoi la question au juste ? La forme romanesque est-elle supérieure à …

Supérieure ! Il y a donc des formes supérieures d'écriture ? Vous hiérarchisez vos émotions, vous ? Remarquez, moi aussi, mais c'est une affaire privée alors, je vous laisse à vos fantasmes pornographiques, voir le mot dans le dictionnaire, vous serez peut-être surpris(e), et Moi, Je... retourne à mon journal intime.



S. R.-T.


Merci pour votre excellente réponse.
Comme quoi, les auteurs devraient pouvoir répondre plus souvent.
Excusez-moi de ma nullité, mais elle a le mérite d'une subjectivité qui pourrait effleurer d'autres que moi.
Que cette subjectivité soit remise à sa place, est une bonne chose.

Thierry Zalic


Sarah k .477
éditions QUE

Lire la critique de second roman de SRT,

J'air

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