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Tristan-Edern VAQUETTE
SPECTACLE

Je veux être grand et beau à la fois


Un nettoyage à sec jubilatoire

Après mes réserves sur le roman de Vaquette "Je gagne toujours à la fin", quelques échanges de mails de l'auteur vexé me firent comprendre que j'étais peut-être à côté de la plaque. Ainsi, sur sa proposition, montais-je voir son spectacle à la Miroiterie de Ménilmontant.

Face à la médiocrité des spectacles et des parutions littéraires, je passe désormais mon temps à regarder en boucle des compétitions de golf quand je ne suis pas moi-même sur les fairways.

Bien m'en a pris de décrocher (difficilement) d'un swing égaré dans un rough épais que sauve magnifiquement Mickelson. ( J'avais déjà vu la scène 35 fois. )

En avant donc vers les collines de Ménilmontant… la remontée ardue de la rue de la Bidassoa… ah Paris ! … tu existes donc quand on décroche de la télé.
Je m'attendais à découvrir un adolescent vérolé, un m'as-tu-vu prétentieux et braillard, voire un Don Quichotte bredouillant.
Pénétrant dans un semi squat, je m'attendais au pire, et j'ai vu le meilleur.


Trois demis font un Vaquette

Fagoté comme un Klaus Nomi mi clown, mi punk et mi instit à baguette, trois demis pour faire un ne sont pas de trop pour Vaquette, la verve de l'acteur écrivain s'impose. De la précision, de la ponctualité sémantique pour rythmer les idées sans ostentation, de l'application syntaxique qui mériterait un premier prix de diction.

Quand le spectacle commence, Vaquette se branche sur le secteur. Il parle d'inconscient à public, il parle publiquement à des inconscients afin que son esprit ouvre le leur. Il cherche l'osmose, le double ouvre-boîte ; le goutte-à-goutte n'est pas avare, au contraire, le rythme est soutenu et les cerveaux les plus lents risquent l'engorgement.

Ce Jean-Edern les a mis en garde, mais les cochons de payants (paiement autogéré) n'allaient pas partir pour autant, ces masochistes aiment à être flagellés et le spectacle qu'il prédit funestement chiant et pénible ne le sera pas une seconde.

Il construit et déconstruit dans un jeu de l'ego

Vaquette raille les idées creuses partagées, il éviscère les lâchetés de la pensée quotidienne, il élève le débat et, bien que se revendiquant seul, forme les troupes à une possible rébellion. Il construit et déconstruit dans un jeu de l'ego où la seule chose surdimensionnée est la décérébralisation engendrée par les médias. Rendre grand le petit, pratiquer en grand la culture des pois chiches autant dans Télé 7 jours que dans Télérama, Le Monde ou Nova.

Vaquette n'offre pas un prêt à penser. Il pratique le nettoyage à sec là où les plus coincés auraient préféré un spectacle plus lubrifié.

Les cons pensent-ils ? Oui, ils pensent comme la télévision suggère Vaquette qui rime avec quéquette et Walter Closet, ceci pour faire rire car les cons rient aussi. J'en entends dans la salle qui gloussent à des moments déplacés. Les mêmes, où leurs frères, riaient aussi dans les lectures publiques que j'avais commises antan. Ils riaient "inapropos". Mais c'est la rançon du succès de mêler l'ivraie au bon grain.

Tristan-Edern Vaquette ne révolutionne rien. Il n'invente pas de système mais nettoie, il injecte du Jet WC dans les têtes pour les déboucher à base de Sade, Bloy ou Cioran. Il commet une œuvre simple de salubrité publique qui déplaira à la sécurité sociale qui préfère rembourser des milliards en antidépresseurs plutôt que de saper les bases de sa république.

Sans peuple aliéné, il n'y aurait pas de république.
Tristan-Edern Vaquette, héros autoproclamé, prend sur scène la figure d'une possible vérité.

Rastignac pousse dans le slip de chacun

Pourquoi, en effet, chacun ne pourrait-il pas être grand et beau. Qu'est-ce qui vous empêche de devenir ce surhomme nietzschéen ? La peur de la mort ? Mais on n'y échappe que par un suicide social, celui qui n'est pas grand et beau a déjà quarante ans de mort d'avance.

La pensée de Vaquette n'est pas servie à la louche avec une telle trivialité. Ce prince du bon goût déstructure les idées avec parcimonie et profusion à la fois. Il dissèque précisément à toute vitesse avec une langue aux couverts d'argent. Entre Cioran, Nietzsche et lui-même, il alterne le sérieux et les saynètes faussement dérisoires, il passe du coq à l'âne en suggérant l'étymologie du coq, de l'âne, du lapin et de son coiffeur.
On rit entre deux pensées ou on pense entre deux rires. Sa forfanterie s'habille de chair, les plus folles gloires deviennent possibles, Rastignac pousse dans le slip de chacun.

Sur cette scène Vaquette ne se vante pas, il est. Il offre son corps, fait des pompes de para, s'exhibe en string rouge tout en discourant avec élégance, Diderot dans la langue mu par l'esprit du grand Léo (Ferré). Il gravit l'Annapurna en combattant le lâche tapi en chacun de nous, mais pas lui mais pas lui…. "Il n'y a pas de mauvais système, seulement une somme de lâchetés individuelles" assène-t-il répétitivement avant de faire chanter à la salle "je suis un gros con" dans un global et purificateur coming out !

Ce one man show n'est pas un spectacle. Vaquette donne à voir un naturel qui, comme tout naturel, est bien sûr fabriqué, mais le spectre tâteur n'est pas au théâtre, il est dans son salon. Mieux, "l'Indispensable" l'emmène dans sa cave qui est tout en haut, dans sa tête et, pour lui, débouche des bonnes bouteilles.

La révolte vaquettienne devient une ration de survie de la pensée. Il devient un géant qui foule la masse et trinque avec chaque cri de ces génisses.
Sur scène, il possède le sens du rythme, du contrepoint, du mélo et du drame, entre impossible enfant et impossible adulte.

Ce petit Mozart philosophe distille une ciguë rédemptrice.
Celui qui y goûte à une chance de devenir, peut-être, un jour, grand et beau.

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accéder au site de Vaquette : http://www.vaquette.org/

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