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Viva La Merda, par Costes

costes par Miss Trash

costes par A.V.D.L.

interview nova / canal +

les médias par Costes

portrait de Kouille Max

Costes par Agnès Giard

les spectacles

Viva la merda/Grand-Père

L'indispensable

premier roman de Costes, paru aux éditions hermaphrodite.


S'aimer jusqu'à la fin du monde, ou se désaimer. S'aimer jusqu'au bout des boyaux, ou se désaimer. Ça bout dans le cockpit. Il n'y a pas de rapport sexuel, disait Lacan.
Quand l'amour joint le non-amour, on n'est pas dans un pays de désolation. On est dans le pays des inverses. Tout signifie le contraire.

Il y a longtemps que je n'ai pas lu un texte aussi érotique. Enfin ! Pourtant, en tant qu'éditeur, j'en reçois. Des "à l'eau de rose" dont rien n'émerge. Mais là, on est sur la corde raide. Le plaisir vient du refus, ou de l'acceptation.
Ce qui est anti-érotique, dans la pornographie, c'est l'acceptation. Là, les héros refusent, et sombrent.
Comme l'amour était l'infini à la portée des caniches pour Céline, l'acte démesuré transforme ici le quidam en héros. Le hors norme transfigure le landa en comète.

Costes révèle que le Nirvana sent mauvais. Le plaisir s'immisce quand on franchit la frontière. L'enfant de la pisse sera plus beau que celui des mamours, plus large, plus fait, délicieusement inavouable.
Le héros costien n'accepte pas d'emblée son déluge, les mots le barrent et il s'en va. Ce n'est pas que ce cartésien refuse, il engrange le désir futur, il se prépare à recommencer car son acceptation signerait la fin du désir.
Son moteur est la transgression.
C'est parce qu'il ne veut pas que c'est bon, et il ne veut pas si fort qu'il remet ça sur le tapis, il tapine, il éventrechie, il déconcocte, il vagibouzouk, sa tête fait un cap'tain Haddock en fist-fucking, comprendra-t-elle qu'il ne veut pas ?!

Costes a une finesse psychologique rare pour décrire les relations hommes / femmes. Il sait comment ça marche. Enfin sait-il ? Il sent.
Les rapports évoluent entre puissance et impuissance, entre mener ou être mené, être dessus, dessous, ou juste à l'équateur… Les + rencontrent des - qui les attirent, ou des - rencontrent des - et des + des +, le courant ne passe plus, les semblables se repoussent, ça reflue, ça refoule, puis les pôles encore s'inversent, un premier geste est contrarié…
le code social danse à rebours avec le code génétique, Costes sent.
Pour que ça marche, avec Costes, il faut que ça pue comme un camembert bien fait, comme de l'andouillette aux tripes mal lavées.
Au bout du compte, ça rate toujours. C'est ça qui est bien, c'est mieux que réussi.

La première partie de Viva la merda ! dévoile un Costes plus proche de Freud que de Sade, le Freud qui choquait en dévoilant que les enfants ont aussi une sexualité.
Dans
Viva la merda !, on plonge aussi dans Bunuel, dans la cacadanse gainsbourienne dont le seul roman avait trait à un pétomane.
Mais, la lecture avançant, Sade revient, sans la philosophie, et prend le pas sur Freud.
Tout dérape. La merde devient savonnette. Et si le monde devenait fou ? Si la déraison coulait ? Si, en tirant le fil, il devenait contaminant ? Si tout le monde se mettait à régresser ?
Le film du roman défile, les fous furieux du caca virent aux Bonnie and Clyde, plus c'est gros, plus ça passe, la surenchère impose son fric-frac continu.

Le livre, au départ, m'a paru moins nauséeux que les films de Costes, les mots sont des notes, le style ses arpèges. On n'a pas besoin d'y croire, Mozart aussi était scato, et divin, comme le Marquis, tout se rejoint, c'est une chaîne, chacun accroché au cul de l'autre. Même Einstein avait le fondement sale. C'est connu. Et Marx ? Il l'avait comment ? Et Sartre ? L'existentialisme commence par le fondement.

Suivre Costes est une recherche de ses limites. On ne peut s'installer. Il va de plus en plus vite. Des frissons à 150 kms heure, un plaisir à 170, une extase à 220, puis la peur à 240, la nausée à 280.
Au bout d'un moment, on décroche. Je décroche. Je n'arrive pas à finir ses films et n'atteint la fin du livre qu'avec peine. Au bout d'un moment, ça devient toujours trop. La plausibilité du début, la finesse psychologique vire à l'exagération, au grand Guignol.
Pour faire plaisir à Costes on dirait que le livre part en couilles, en eau de boudin, en Nuit des morts-vivants. Ce n'est pas forcément qu'il ait tort, mais on franchit un seuil, on passe dans une autre dimension, comme la tripaille de Mélanie Klein (que Lacan appelait la tripière de la psychanalyse) heurtait les plus avancés des analystes.

Peut-on sortir intact de cette lecture ? Peut-on regarder le monde comme avant ? Sans doute, comme au sortir d'un Walt Disney pour un enfant.
Chapeau l'auteur pour ton conte de fée, ton compte de faits scabreux.

Thierry Zalic

Viva la merda !
les éditions hermaphrodite
Non-Préface de Roland Jaccard 180 pages
Format : 20.5 x 14 cm
16 euros
ISBN : 2-9519565-1-7

En prime, la critique de Technickart.

COSTES, VIVA LA MERDA ! Le premier roman de Costes !


Scato à mort. Le road-movie de la merde. Un couple plonge dans la merde jusqu'à la mort.

Leur seul crime a été de bouffer leur merde. Leur seule erreur de croire que c'était mal. Ils en sont morts.


Présentation du livre et de l'auteur VIVA LA MERDA ! Un titre qui ne veut rien dire, en aucune langue. Un titre que pourtant chacun comprendra. Un road-movie scatologique à quoi rien ne résiste. Tous ces pense-bêtes qui empêchent de penser, Costes les enduit de merde et leur chie dessus.

Ceux qui voudraient y voir une dénonciation en bonne et due forme se trompent : d'abord parce que ce musicien-bricoleur, qui fait tout avec trois fois rien, se fout de la littérature et du style. Costes, c'est la littérature sans qualité, au sens fort : c'est un " film " qui échoit et échoue dans des mots. La langue de Costes ne chante pas ; elle vagabonde, pauvre et libre, loin du verbe domestiqué et gentiment exubérant. Un livre absolument impraticable, au service de rien et à l'usage de personne.

Dénoncer ? Costes ne dénonce pas : il enduit et déduit jusqu'au bout S de sorte que ce qui n'avait pas d'odeur retourne à cette absence d'odeur initiale. C'est un livre-détour, un livre-détournement, un livre-pour-rien. Cet anti-Prométhée sent plus la merde que le soufre, en refusant de donner le feu qu'il dérobe. Les " innocentes victimes " de son jeu de massacre se sentiront-elles offusquées ?

VIVA LA MERDA ! rappelle qu'il n'y a d'innocence qu'auto-proclamée et se fout du propre, du décent, du " respect " - de l'extension du copyright à tout ce qui est Vivant et protégé (enfant, handicapé, " minorités " ethniques et religieuses, etc.).
VIVA LA MERDA !
résiste à l'interprétation autant qu'à la lecture, si on entend par là toute tentative de correction et de récupération. N'y cherchez pas non plus une cacaphysique :
VIVA LA MERDA n'est ni beau, ni édifiant, ni divertissant. Musicien performer trash auteur de plusieurs opéra porno-sociaux, Costes se produit de New York à Tokyo depuis près d'une quinzaine d'années. Vidéaste provocateur décalé et déjanté (de "Crack Kiss" à "Alice au pays des portables" en passant par "I love snuff"), il est aussi l'auteur de plusieurs CD-concept ("Les Oxyures", "NTM-FN") dont certains textes, reproduits sur son site Internet (http://costes.org) lui vaudront d'interminables procès ("Livrez les blanches aux bicots").
VIVA LA MERDA ! est son premier roman.

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