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Ces feux follets indomptables
sautillant au vent
Farfelues, ironiques, tentaculaires, les créatures de Pétra Werlé nous invitent à la rêverie et provoquent aussitôt un sentiment de sympathie.
Ces lilliputiens aux airs coquins saniment devant nous, parfum acidulé et ambré, la mie de pain qui les habille se révèle toute craquelée, brûlée, scarifiée
Lexpérience culinaire à laquelle se livre Pétra Werlé va au-delà dune prouesse technique. Du bout des doigts, elle pétrit la mie savamment humectée de salive et nous offre une colonie dêtres plus extravagants les uns que les autres.
Instantanément conquis, dun clin dil, Pétra égaye notre vision du monde et nous impose une joie de vivre sans demi-mesure.
Comment ne pas être interpellé par lénergie qui se dégage de ces personnages gourmands. Membres désarticulés, bouches riantes, yeux écarquillés, ils nous invitent à sourire.
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Délicatement épinglés, Pétra Werlé présente ses sculptures dans des boîtes dentomologiste. Chaque boîte recrée une scène imaginaire doù se dessine une chorégraphie bondissante. Ces apparitions qui tentent de séchapper du cadre qui les protège nous invite à la déraison.
  
Feux follet indomptables, sautillements au vent, la ronde des farfadets dessine selon lexpression propre à lartiste un " cirque de lamour cosmique ".
Le propos de Pétra Werlé nous éclaire ainsi dune fraîcheur et dune vivacité sans limites. Acte boulimique dans la profusion à façonner cette tribu virevoltante et insaisissable !
Mais découvrons donc directement lextrait dinterview paru dans le " Journal du dimanche " du 14 janvier 2001 par Danielle Attali où Pétra sexprime spontanément et librement selon son habitude :
Comment avez-vous eu lidée de travailler sur de la mie de pain ?
Cétait il y a une vingtaine dannée, en jouant avec le pain. On commence par en faire des boulettes et l'on finit par créer des personnages très simples. En réalité, je nai jamais pensé devenir sculpteur. Cétait un amusement. Autour de moi, les gens mencourageaient, alors jai continué.
Cétait un loisir ?
Plus que ça ; Je me suis toujours déplacée avec, au fond de la poche, une petite tranche de pain, un cure-dent, des petits ciseaux et une pince à épiler. Je nai jamais cessé de travailler mes personnages. Quand je fais mes sculptures, jai limpression de jouer à la poupée. Cest un acte très jubilatoire.

Vous naviez pas lambition de devenir artiste ?
Non, je navais pas de vocation particulière. Enfant, jai vécu sur une péniche, mon père était marinier, Je nai pas fait détudes supérieures. Pendant des années, jai été employée dans un cinéma. À 20 ans, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire. Les choses sont arrivées doucement.
En 1998, vous avez exposé au musée de lérotisme et depuis votre vie a beaucoup changé.
Jai en effet quitté Strasbourg, il y a trois ans. Jai tout changé. Javais envie dêtre sculpteur à plein temps. Maintenant cest une vraie révolution puisque je vis de mon travail.
Vos petits personnages semblent émouvoir beaucoup de gens
Je fais quelque chose qui est très accessible. Il ny a rien dhermétique dans ma démarche. Je veux juste donner du plaisir. Je fais de la sculpture hasardeuse et instinctive. Je métonne moi-même parce que je ne sais pas doù vient ce monde que jinvente.

La mie de pain, cest fragile. Comment conserver-vous vos uvres ?
Fragile comme du biscuit ou de la porcelaine. Je possède encore beaucoup de mes sculptures dil y a vingt ans. Il suffit de mettre un peu de naphtaline dans les boîtes.
Comment travaillez-vous ?
Je mélange la mie de pain et la salive. Il y a simplement des points de colle pour les pieds, les mains et la tête. Les costumes sont confectionnés en croûtes que jemberlificote autour des corps.
Vous mâchouillez donc toute la journée ?
Un peu. Mais ce sont quand même des petites quantités. Si vous mettez de leau, ça ne marche pas. Ça colle, ça devient poisseux. Seule la salive provoque la réaction chimique qui donne vie à mes personnages. Je fais aussi de la pyrogravure et du fer à souder pour donner de la couleur. Il y a des milliers de pains différents. Cest une source dinspiration inépuisable. Pour moi, laventure ne fait que commencer.
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