|
|
"Péter dans la soie et chier dans la fourrure" promettais-je dans la page d'accueil de ce numéro. La soie, c'est avant tout La Tour Rose. Là c'est luxe et volupté du goulot, on s'essuie avec des feuilles de rose et sommes cocooné dans des chambres peintes par un artiste (Gérard Maillot) et non par des maçons
La Tour, aussi rose que des éléphants un soir d'après joint, la Tour créée avec la complicité de l'architecte Pierre Vurpas, bancale si on en sort torché, Tour de Pise du plaisir, y grimper sur un haricot géant...
Riches, pauvres
allez-y! Philippe Chavent est l'hôte du lieu, étoilé Michelin, toqué Gault et Millau, Lyonnais arrondissement 5.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
La Tour Rose est plus qu'un hôtel et un restaurant, c'est le livre d'un romancier, le tableau d'un peintre, l'archet d'Ingres, le violon de la police, le minou de Marguerite. Chaque chambre est une uvre unique tapissée par une des grandes maisons de soyeux lyonnais; Beaux Valette, Bélinac, Bianchini Férier, Brochier, Bucol, Guillaud, Vassoilles
des chambres classiques ou modernes, romantiques ou "day after"
à quoi bon avoir toujours la même maîtresse! Chaque fois c'est une peau neuve que l'on verse dans son lit, un gémissement original, de la nymphe d'un nouvel arbre
Une soie au mur est dessinée d'après des cartons originaux de Dufy, une autre garnie du fameux plissé Fortuny
et v'là encore du Damas, de la moire, du chintz
le tissu est cloué au mur avec la passion violente d'un chasseur de papillon, des vrais cocons de vers à soie sont figés au béton d'une salle de bains, partout c'est de la soie comme du papier mais il ne faut pas se torcher avec les murs! |
|
|
|
|
|
|
Côté resto, Philippe Chavent assure
Côté resto, Philippe Chavent assure. Il fume lui-même ses poissons et non bêtement des havanes, bourre ses pommes de terre de caviar et pas seulement sa femme. Il pourrait, pour faire "pop", décapsuler un Pomerol ou un Margaux, à la Warhol, mais son outrance s'arrête aux limites de la bienséance. Il garde de la tradition ce qu'il y a de mieux
oui
respect pour le liège des bouchons (lyonnais of course!), quitte, peut-être, à y accrocher, dans l'intimité, une ficelle pour en faire un Tampax
mais je m'égare, pris par le thème sulfureux de ce numéro de TZP On Line.
Chavent et la Tour Rose, on y va comme à la maison, c'est mieux qu'à la maison car il n'y a rien à faire, à jouir seulement, à se reposer, à prendre un verre avec lui en fin de soirée car l'homme est convivial, il n'hésite pas à faire claquer son verre au nôtre et, par amour de l'art, échange toujours des tableaux aux artistes contre sa pitance de Seigneur. À Lyon, chez lui, c'est encore le Montparnasse des grandes années qu'il fait revivre parfois dans des buffets fluorescents qui pourraient dégénérer en un restaurant ambulant, une sorte de "Tour Rose Circus". Les peintres contemporains ont remplacé les Modigliani, Fargue, Derain ou Picasso, mais l'amitié y vibre quand tant d'autres restaurants ont un tiroir-caisse à la place du cur (de veau!).
Sur ce petit hommage au grand Bobby Lapointe, je vous encourage à aller à la Tour Rose manger sur le pouce (doré et grand, comme la sculpture de César).
|
|
|
|
|
|