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- Mon cher Pivac ainsi vaque la pie oui, pourquoi les loups hurlent-ils? Est-ce la faim, le froid, la misère sexuelle? Marx disait que les constructions sociales ne sont quune façon de canaliser les rapports sexuels doù découlent les rapports de classe quand Freud arguait quavoir de la classe est analyser les rapports sociaux en prenant lhomme à rebrousse-poil, et moi, entre les deux, ma bite sen bat lance, pourtant, en con craie jécris avec des maux sur le grand tableau du lavis oui! Freud et Marx toujours, aujourdhui et maintenant, là quand, on croit que je suis grossier mais je les vulgarise, je les vulve gargarise parce que le champ pagne et pas tout nu, pan! Je débouche. Sur rien. Oui. Je parle dinstinct vital, certains entendent instinct trivial et ils osent dire que cest moi qui trompe Eustache. Dès que lon dit, oui lhomme a un instinct sexuel et il le signe sur le dos des femmes, on crie au machisme. Mais je dirais quils le signent sur le dos des animaux, ce serait pire, on crierait à la zoophilie! Le champ pagne et pas tout nu, voilà! Je débouche. Sur rien. Oui.
- Oui... Enfin, non... vous débouchez, si. Mais donc, vous niez être pornographe?
- Ah, mais si, Messie! Jy tiens, je le tiens, et le premier qui rira aura une tapette hi hi... Pornographe oui, parce que je montre le Réel, ce sur quoi on bute, je dirai on bite, ce qui nous sous-tend, ce qui tend sous nous, linnommable, ce dont on ne doit pas parler. Je déconstruis le monde ô erreur, Freud disait que tout rejoint la sexualité mais moi jen pars pour arriver ailleurs mais encore faut-il franchir le cap, accepter dêtre nu pour aller se rhabiller mais voilà, cest à moi quon demande de se rhabiller! Ah, drame de la philosophie! Pas philoso-phe, fait dans loeuf oui!
Mais coque. Oui, oeuf coque jespère, jes-père car pas de papa, cest mon drame dont je fais drame de papier.
- Euh... oui, mais en choisissant Slip, comme titre, ne provo-quez-vous pas autrui?
- Provoquer les truies? Vous me poussez à lintelligence Bernard, ô Dieu que je naime pas ça oh non! Vous allez saboter votre émission mais enfin... Tout expliquer... tous es sliper. Cest vulgaire. Cest vulve guerre, alors allons-y en gentille Athéna, puisquil vous faut du cérébré. On peut se demander en effet pourquoi le mot slip a une charge affective si grande, que nont pas caleçon, ou culotte, quoique dans culotte il y ait cul. SLIP est le point aveugle, par excellence, des interdits, car il ny a pas de raison objective pour ne pas le prononcer contrai-rement à bite, couilles, ou cul, que je noserai jamais prononcer chez vous. Pourtant, leffet est le même. Alors pourquoi le refus du mot SLIP?
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Jy vois au moins trois raisons, qui sont toutes sonores et liées à lenfance.
Une première raison sonore. Slip a un son sec, pas saucisson sec, avec la fin du mot ip, et un début qui peut traîner en longueur en élargissant le s ssssslip. Vous entendez physiquement le son du caoutchouc tendu, puis lâché.
Une raison associative aussi, on associe toutes les sifflantes sexuelles, sssssslip, fesssssses, ssssssexe, comme Victor Hugo associait Que sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes.
Enfin une raison archaïque, les sifflantes sont apprises très vites par les bébés, les s et les z, zizi, ze vais zouer... alors que les chuintantes (chemise, chat), labio-dentales (feu, veut) ou dorso-vélaires (gamin, kaolin) sont plus complexes et acquises plus tardivement doù encore lassociation des deux plaisirs les plus anciens, oral et anal, en prononçant (oral) les mots sales interdits (anal), et qui plus est dans une connotation génitale (adulte). Ainsi, en soi, est-ce toujours lenfant le plus immature qui nargue. Alors, Bernard, ai-je été suffisamment didactique, Zalic, épique, sadique, ai-je bien répondu, lai-je bien répandu?
- Oh oui! je nen attendais pas tant. Vous me surprenez!
- Je vous surprend où, aux toilettes? Ça me rappelle une femme qui veut faire patienter son soupirant en lui disant je vais me changer, et lautre de lui répondre en quoi? En zèbre?
- Euh, oui... Sur cette intéressante métaphore nous allons en rester là.
- Oui. En rester las. Moi aussi, parfois.
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Je me souviens quavant que Thierry ne termine son livre, parfois il boitait. Oh! pas avec les jambes non, mais avec tout le corps qui brinquebalait, puis navan-çait plus. Chaque jour devenait alors arraché à lexistence, sursis constant dans le croche-pied de ses doutes dû à son souci de plus en plus grand de perfection, dans le vertige du mot poli (en bijou), dans limpolitesse de la structure, où le contraire, quand la place du sujet devait ne jamais être acquise tout en apparaissant naturelle.
Le jour, il riait, après lhomme de marbre, lhomme de fer, lhomme de paille, je serai à jamais lhomme de slip, mais la nuit il reconnaissait, pour reprendre les mots dun psychanalyste, quécrire est seulement tenter de se faire nommer, afin que son nom, si fragile, déchiqueté, malmené, soit finalement en toutes lettres sur des milliers de petites dalles, plus souples et plus mobiles que celles dune tombe.
Par ce titre dérisoire, Slip, et son héros portant son nom, il se donnait à déchiqueter, anticipait la cabale, riait de tout écrivain qui désire que son nom devienne objet, fétiche, doù son grossiss-ement sur les bandes annonces, riait aussi de cette mise en scène du nom qui finit par en prendre la place. Alors, dans ses livres, on trouvait le nom jeté et la mise en scène jetée, et, pour lui-même, plus grave, il voulait suivre une perche invisible qui donnerait un peu de sens tout en ny croyant pas. Pourtant, il sentait dans sa chair la structure idéale possible, quil toucherait comme une peau, ce lien vertigineux où le dire prendrait une forme que lon sentirait sans que pourtant elle soit dite.
Quand lappréhension de cette juste structure ne lui venait plus, une fatigue de vivre le vidait de ses substances, il devenait diarrhées, vomissements, extrémité des membres fébrile, frissons, état dépressif intense qui le clouait au néant pendant plusieurs jours tout ça parce que le verbe le fuyait, quil ne captait plus ce certain mouvement incertain, soudain manque de magie, soudaine cassure du fil quil amplifiait de son refus.
Puis ça revenait et il remettait cent fois le texte, louvrage, sur louvrage, sur le métier.
Il refusait de se rendre à Dieu en cédant, choisissait linfini, toujours du côté de Satan, à léternité, du côté de Dieu, le vertige du questionnement sans fin au lieu du dogme qui serait une ponctuation, un arrêt de tous ces sens possisibles qui défilent. Ainsi était-il dès lors dans la déperdition satanique de vouloir créer ce texte infini, dans le chaos, plongé dans cette hérésie qui refuse que lexégèse ait un terme.
Loutrance de mes mots savants natteint pas le désespoir des siens, animaux fous de jungle caracolant lors dincendies dans les savanes.
Je lenserre dans mes bras, lui baise le front, les joues et les lèvres, communique ma chaleur. Il se sent mieux, il, lui, mon homme. Je, moi, sa femme, le berce, mots tendres forment une coque autour de lui qui fait mal à ton corps denfant perdu.
Il est dans lespace hors du monde et de ses dangers, ma voix, mon odeur, ma chaleur, le lange, lui talque les fesses, lui lave la figure doucement avec un coton imbibé de lait. Cest mon lait quil sent couler au fond de sa gorge, ça va un peu mieux, cest rassurant, il nest pas tout seul face aux démons.
- Dodo, mon amour, lenfant dormira bientôt. Thierry est tout petit et il va mourir si je le lâche, si le bercement cesse. La convulsion est là, qui se meut dans son corps denfant et seule la pression de ma main sur son thorax fait que la crise ne se déclenche pas. Un jour il passera tout entier dans le corps de labandon mais pour linstant je suis là, qui le berce et lui chante des berceuses denfants. Il est un corps perdu qui se noie et me tient très fort la main. Je lui souris et le presse contre mon coeur, murmure je suis là et il sendort enfin, apaisé. |
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