C.D.rom
Antoine Denize

Le "Machines à écrire" d'Antoine Denize écarquille de plaisir les yeux du typographe. Mais sur quoi repose le plaisir? Étrange question. Ne jouit-on, dans ce CD Rom, que de la forme?
On en revient à s'interroger sur l'Oulipo, l'ouvroir de littérature potentielle, fondé par Raymond Queneau avec François Le Lyonnais, auquel participa, entre autres, Georges Perec.

L'Oulipo cherche à utiliser la langue comme une machine, une combinatoire, des briques interchangeables dont les murs vacillent sous un sens flottant. La littérature devient factorielle, exponentielle, ambulatoire…
L'Oulipo invente des contraintes, "l'auteur devient un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir". Un labyrinthe de quoi ? De mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de bibliothèques, de prose, de poésie…" expliquent Marcel Benabou et Jacques Roubaud, exégètes oulipiens.

Mais le jeu et l'expérimentation peuvent devenir aussi vains que la recherche de la forme vestimentaire dans le Glamorama de Bret Easton Ellis.
Qu'importe! On se délecte de la beauté plastique de ce CD, du traitement de texte factoriel qui permute les mots ou de "l'Eodermdrome à la portée de tous" dont la combinaison des lettres génère des figures géométriques.
C'est beau, et si c'est inutile tant pis. On pourra plus tard relire l'immortelle Zazie dans le métro de Queneau, ou le tour de force inégalé de Perec avec sa Disparition, livre entier sans "e".

Machines à écrire, Antoine Denize

Gallimard Multimédia, environ 300 F

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