Au début de cette année 62, je devais tourner un dernier film pour la Twentieth, "Quelque chose doit craquer" (Something's got to give).
Avec un titre comme ça, les dirigeants s'étonnaient de me voir fragile, saoule ou comateuse! Le producteur Weinstein me trouva inanimée et me fit emmener à l'hôpital. "Quelque chose doit craquer", ce n'est qu'un titre de film, disait-il, il ne faut pas prendre les mots au pied de la lettre.
Alors qu'il avait construit tout le film autour de ma personne, il s'interrogeait maintenant, faut-il continuer avec Marilyn ou pas et na na ni et na na na!
Marilyn était la plus immense, tout bonnement irremplaçable. Ça allait tellement de soi que je ne comprenais rien à leurs tergiversations, on dit comme ça je crois. C'était comme se demander si on pouvait filmer Paris sans la Tour Eiffel ou mettre un sapin nain à la place! Mais eux réfléchissaient!
Tout ça pour conclure que Paris sans Tour Eiffel, ça n'allait pas. Je dis Tour Eiffel, mais il s'agissait plus de stature d'Amérique. Enfin ils signèrent le contrat.

Dans l'avion qui me conduit au Mexique, je suis angoissée, il va falloir que je sorte Marilyn de moi mais c'est si difficile; même d'elle je n'arrive plus à accoucher. Je suis assise sur les genoux de Snyders, face à lui, dans les toilettes de l'avion. Je place mes bras autour de son cou et je le laisse faire, je me laisse porter. Il a trois heures pour recréer Marilyn, le temps du voyage. Je suis nue sur ses genoux, et il me refabrique. Il ne faut pas croire qu'il y ait de l'érotisme dans cette position. Ou pas plus que dans celle d'une petite fille sur les genoux de son papa qui la ferait manger, doucement, car la petite fille a été malade et il ne faut pas qu'elle s'étrangle, sa bouche est si petite et sa langue si fragile. C'est une position de confiance, d'abandon quant à ses réserves, l'endroit même où on se montre nue sans danger.
Snyders, mon maquilleur, a été de tout temps le "garant du masque", une forme de passeur entre les deux Norma; il est mon fabricant, mon Gepetto, il fait le corps et moi j'essaie de faire l'âme.
Il faut que je me propulse. Norma est entrée dans l'avion et Marilyn doit en sortir. L'avion me transporte, Norma rentre et Marilyn sort, l'avion est le suppositoire qui me transporte d'un état à un autre, dans tous les sens du terme.
Je ris en disant ça. Snyders aussi. Il maquille Marilyn avec sa bouche, ou il lui maquille la bouche avec ses mains, tout ça c'est pareil, on boit du champagne sans abîmer le rouge, pour se donner du courage avant d'affronter les journalistes au bas de la passerelle.
La porte s'ouvre et ils sont là, hagards et critiques à la fois, se demandant dans quel état je suis, mais très vite l'envie qu'ils ont de moi prend le pas sur la critique, ils cherchent à m'avoir sans plus s'interroger s'ils me tueront ou non. Ils me zieutent les bas et la raie, s'écorchant de l'appareil pour avoir le meilleur plan, celui qui montrera que je ne porte pas de culotte. Je ne sais pourquoi ça les excite tant si ce n'est qu'il pense voir un oiseau libre, pas en cage.
Ils essaient de capter l'humidité de l'oiseau comme des assoiffés dans un désert, des assoiffés de Marilyn qui ne respireraient que de l'air de Marilyn, ne se laveraient qu'avec des gants de Marilyn, des savons qui auraient l'odeur de Marilyn, et ne s'enfouiraient que sous des draps à l'effigie de Marilyn.
Je suis dessus la meute de loups qui bavent, le soleil de leurs appareils dans les yeux. Si je fais un pas ils vont me dévorer la cheville, et remonter de plus en plus haut. J'ai peur et j'ai le plaisir. Je me liquéfie du corps d'être le beefsteak devant les chacals. Chacun d'entre eux pourrait être le meurtrier de son voisin quand je commence à descendre. J'en flatte un de l'encolure, ma main se pose sur un crâne, j'ai la sensation de dompter un univers qui peut m'avaler. Je suscite le désir, j'en organise les débordements, mettant mon corps en barrage, mais ils ne savent pas qu'il n'est que du papier.
Je fais sauter les lions dans des cerceaux avec une robe moulante en lieu et place du fouet. Il se peut qu'un lion s'allonge sur la dompteuse, mais ce n'est jamais elle qu'il aurait, seulement une petite fille étonnée ou indifférente, Norma dans son peignoir ou une photo de Marilyn dédicacée.
Cette dédicace en chair et en os les fait rugir à mort, mais ce n'est pas plus important qu'une sucette dans une fête foraine pour une petite fille toute seule, sans personne, qui a peur et suce sa sucette comme une canne, pour ne pas tomber.
Après, les photos sur les magazines me prouvent bien que Marilyn existe, qu'elle est si lumineuse que du fond du cœur, je voudrais lui ressembler.

Je ris. Je ris jaune. Mais c'est quand même un rire en couleur. Dans "Quelque chose doit craquer", je joue le rôle d'une femme que l'on croit morte et qui resurgit le jour du mariage de son mari. Tout ça alors qu'Arthur s'apprêtait à épouser Inge.
Mais je ne resurgirai pas. Où est la fiction? Où est la réalité? Quand je bois je ne sais pas, mais ne me pose plus la question de savoir ou pas. C'est pour dire qu'on ne boit pas pour la soif mais pour la noyade, qu'un chameau, s'il va dans l'eau, c'est pas pour boire, il n'a pas besoin d'eau.
J'ai peur. Peur de ne pas exister. En même temps je sais que c'est invraisemblable. Mais si l'autre transparaît en moi, on va la confondre, elle n'a rien pour elle. Je scrute le scénario qu'on me donne pour sentir Marilyn, plein de répliques ne sont pas pour elle, je le sens. Je me fais son attaché de presse, je discute avec Cukor qui se lasse. Il est plus facile de discuter des intérêts de quelqu'un d'autre, comme je le fais pour Marilyn, que des siens propres. Je dis ça à Cukor qui est très gentil avec moi, quoi qu'il me dise qu'il n'est pas de ceux qui enlèvent l'échelle sous les pieds d'un fou accroché au plafond par son pinceau.
On me renvoie un nouveau scénario où l'on me dit de mettre un X sur les répliques qui me déplaisent un peu et un double X sur celles dont je ne veux absolument pas.
J'en mets partout et j'ai peur. Marilyn est barrée sous les croix, elle pleure et ne peut plus respirer, on veut l'étouffer, pourquoi pourquoi? Qu'a-t-elle fait aux gens? C'est toujours comme ça on la veut et on ne la veut pas, on lui fesse les fesses puis on les embrasse, on l'habille et on la déshabille, on la veut poupée et parlante et on lui dit de se taire mais ça parle en elle comme un geyser un peu rouillé. Ça a une pulsion terrible et ça gratte la gorge en sortant, l'eau sort rouge comme le sang entre les jambes.
Il faut que je sois en maillot de bain dans une scène, un bikini. Je leur dis qu'il s'agit de Marilyn pour qu'ils se rendent bien compte, d'un diamant qu'il faut sertir sans altérer la pierre, presque sans monture.
Pour ma part, je ne mettrais rien, mais ils s'offusquent, alors presque rien je leur dis.
Au fond de moi je ne suis pas certaine d'être une actrice, mais je sais être la plus belle du monde. Je sais sûrement que je me trompe dans les deux cas mais je ne peux faire autrement. Il y a des démons en moi, je veux tourner à droite dans l'auto mais je tourne à gauche. Ce sont les démons.
J'ai peur de ne pas être seule. Pourtant dans la vie, on ne fait pas plus seule que moi. Je leur dis "oh non, pas Cid Charisse en blonde, on va la confondre avec Marilyn."
Weinstein, le producteur, n'en revient pas.
- Mais il est impossible de te confondre avec Cid Charisse, et d'ailleurs elle n'est pas blonde, châtain un peu clair seulement.
Je lui dis que si on cligne les yeux et qu'on se met de trois quart en penchant la tête et en mangeant un ice-cream tout en lorgnant sa voisine, on peut confondre, et puis d'ailleurs, dans son inconscient, elle veut être blonde Cid Charisse!

Je sais que je suis méchante. Je ne voudrais pas l'être, mais j'ai si peur. C'est pour me défendre. Alors, on prend Cid Charisse comme on prendrait un lapin, puis on lui teint les cheveux et elle les a foncés. J'ai refait le coup de Hope Lange, dans Bus Stop.
Puis je constate que Dean Martin, dans le film, regarde une autre femme que moi. Je dis "il regarde une autre Marilyn, il ne faut pas sinon je ne suis plus rien", alors on supprime toutes les répliques de Dean qui pourraient faire croire qu'il est attiré par d'autres femmes que Marilyn.
Oh Dieu, je suis de moins en moins sûre de moi. Je voudrais aimer les gens, mais j'ai peur d'attraper des microbes. Le Docteur Greenson me dit que ce n'est pas raisonnable. Mais j'ai tellement peur que j'attrape un virus, un vrai virus.
Au fond, je sais que le vrai virus de moi, il est en moi, indécelable, mais je profite de la fièvre pour n'apparaître que quelques fois sur le plateau en 35 jours.
Je me terre dans un terrier pour ne pas avoir peur, mais j'ai peur du noir. Sortir, ce serait pire pourtant. Une Marilyn pas à la hauteur, ce serait la fin de Marilyn, du rêve de Norma Jeane si grand et si beau qu'il l'étouffe. J'ai beau savoir, ça ne fait rien au malheur, au vide dans le corps qu'il faut remplir par les cachets et le champagne. Que l'on m'attende sur le plateau m'angoisse encore plus, je n'aime pas jouer, je n'aime pas être actrice.
Poser pour des photos oui, parce que l'on met en forme le rêve. Mais s'il faut se mouvoir, et parler, faire surgir tout ce dedans à l'extérieur, l'image vacille de façon folle, elle est trop, trop grande, trop fragile, aussi ténue que les fœtus en moi qui avortent, et si un cameraman pousse un peu trop la glace, elle risque de se briser. Tous les regards m'espionnent, attendent que je tombe, que mon maquillage se lézarde et qu'il en sorte des vers.
Si tous ces gens m'aimaient ce serait si simple mais toujours, plus le tournage va et moins ils m'aiment et plus c'est difficile.
Toujours on dit que je ne suis pas professionnelle mais je suis professionnelle de moi-même, ça me prend toute mon énergie et tous mes instants.
J'ai la tête comme un potiron, et aucun cachet n'arrive plus à en faire un velouté.

Les séances avec le Docteur Greenson durent parfois cinq heures. C'est du temps hors du temps que je traverse. Alors je retrouve des lambeaux, des maquillages d'âme qui peuvent faire des Marilyn présentables. Mais au dernier moment, je me dis que des Marilyn présentables ce n'est pas suffisant, et je n'y vais pas.
Je dis aux producteurs que c'est le virus, mais ils veulent me renvoyer. Je laisse pisser. Voilà, c'est le mot. Je laisse pisser chaud entre mes cuisses, sur leur visage de producteurs.
Et puis, j'ai d'autres préoccupations.
Au-delà des peurs du tournage, je vais de l'un à l'autre des Kennedy comme une poule dérangée qui ne saurait vers quel coq aller.
Pourquoi fais-je ça, je n'en sais rien. Eux, ça ne les dérange guère, chacun me renvoie vers son frère comme une balle de base-ball et plus ils frappent fort, plus je les trouve beaux. Le base-ball me rappelle tout d'un coup Di Maggio.
Je me suis fait faire par le couturier Jean-Louis, une robe somptueuse pour mettre Marilyn sur le piédestal des "piédestals". Marilyn, elle n'est plus dans le cinéma, elle est dans la vie tout un Luna Park à elle toute seule.
Une robe au tissu infime, transparent, un tissu qui couvre tout sans rien cacher, cousu de milliers de petits cristaux qui doivent scintiller comme la première des stars.
C'est plus fort que moi. J'ai un bâton dans le ventre qui me pousse vers le haut, pour me montrer, tel un fanal obligé pour tous les bateaux qui veulent passer par le cap du désir. Alors ils doivent me fixer au fond des yeux, des seins et tout, avec le corps qui brille entier. J'ai ça dans la tête, géant comme les avions, avec le vol aléatoire du planeur et les bruits intenses des réacteurs.
Dans un mois, en juin, j'irai encore moins bien que maintenant, j'enverrai un télégramme à Bob Kennedy, un soir que je devais aller à sa réception. J'avais écrit: "Chers Attorney Général et Madame Robert Kennedy, j'aurais été ravie de me rendre à votre invitation en l'honneur de Pat et Peter Lawford, malheureusement, je suis engagée dans une action pour la défense des droits d'une minorité: les dernières Étoiles qui restent liées à la terre. Car enfin, tout ce que nous voulions, c'était notre droit à scintiller. M.M."
On dira que je disjoncte. Mais c'est quand il y a trop de lumière que ça fait ça. Il faut exprimer la douleur d'être aimée, et rejetée, comme je le serai par Bob, parce que mettre la main sur l'étoile fait qu'on peut se brûler. C'est comme changer une ampoule à main nue.
La robe était l'ampoule rutilante et moi j'allais paraître dans le courant électrique au risque d'une surtension qui ferait tout exploser.
C'était le 19 mai, on célébrait l'anniversaire de John Kennedy au Madison Square Garden et je devais clore le spectacle en chantant "Happy Birthday Mr. President". La ruse, inventée par Peter Lawford, était de parodier mes retards en annonçant plusieurs fois mon entrée, et la reculant parce que je ne sautais pas le pas, sauf à la fin, dans le lac brûlant de la salle.
J'avais tellement peur que j'étais ivre, incapable de monter sur scène, la peur me collait aux cuisses et je ne pouvais me défaire de la robe cousue à même mon corps. Je sentais que j'allais faire pipi devant tout le monde. Qui viendrait me langer qui? John était mon papa, mais faire pipi devant un président est-ce permis?
On annonçait Marilyn Monroe et j'attendais pour voir mais Marilyn ne rentrait pas, je regardais partout sans la voir et ne la voyais pas, serrais les cuisses je serrais, on répétait Marilyn Monroe et les applaudissements crépitaient à casser tous les lustres et la robe me collait au sexe, on devait voir mes poils trempés, une raie des fesses moites et les cristaux dessus comment allaient-ils briller?
Pet Lawford racontait encore qu'on n'avait pas besoin de me présenter, moi je me serais bien présentée moi-même, je me serais serré la pince, me serais poussée en disant "et bien vas-y, fleur de nouille!"
Mon agent, Mitt Ebbins, me pousse dans le dos. La lumière m'emprisonne comme une nasse.
Pendant 30 secondes, je ne peux faire un geste je ne peux, ça coule un peu sous moi, je serre les poings, l'Amérique me regarde, je suis la stature de la liberté et une stature ne pisse pas, sinon elle rouille. Peu à peu je me décoince, pas à pas, j'avance vers le micro. Ma main le rate une fois, j'ai droit à un deuxième essai, j'avance le buste et, ruisselante de diamants, je regarde John, me tournant à demi. Mon popotin gonfle à en éclater les coutures et, sous les bruissements du premier rang, j'annone en tremblant "Happy Birthday Mr. Président", avec toutes les paroles. Je suis comme une petite fille nègre qui donne un bouquet de fleur à un grand roi, je crois m'évanouir.
Tous s'attendent à ma chute mais j'ai le bâton qui me tient dans le ventre, pour rien au monde, quelle que soit la faiblesse que tous voient, je ne m'arrêterais en chemin. Je sais que quels que soient les tremblements j'arriverai au bout; je suis lancée comme un tank sur le désir de John, de la salle et de l'Amérique, quand tous pensent à un papillon titubant.
Les acclamations fusent mais je ne vois que le sourire de John, que la certitude qu'il avait que j'arriverais au bout, une certitude plus grosse que moi qui m'a prise dans ses bras.
" Je vous remercie, dit-il. Maintenant que l'on m'a souhaité mon anniversaire de façon aussi charmante, je peux me retirer de la politique."

Les producteurs de "Quelque chose doit craquer" n'étaient pas d'accord pour ma prestation à l'anniversaire de Monsieur le Président. Mais à leur étonnement, la lumière que j'avais dégagée ce soir-là m'avait requinquée.
J'étais à l'heure le lundi et prête à tourner comme une vraie professionnelle. C'était une scène nocturne (ça veut dire la nuit) où je devais paraître nue, enfin faussement nue. Cette scène me plaisait beaucoup, mais le cameraman trouvait qu'on voyait trop le maillot et voulait pinailler sur l'éclairage sans jamais être satisfait de ses réglages.
Pour en finir, je me défis du peignoir et Marilyn entra nue pour de vrai dans l'eau.
À l'époque personne n'était toute nue, on devait seulement en donner l'impression, mais j'étais tellement sûre que Marilyn était la stature de la liberté qu'elle pouvait se permettre de sortir nue du puits, comme la Vérité. On dit ça aux enfants, aussi que les enfants sont innocents, alors j'étais vraie et nue comme une enfant innocente. Je nageais dans l'eau froide sans craindre d'attraper la mort, puis mis mon pied sur le rebord pour me hisser hors de l'eau. L'écart de mes cuisses, quand je remontais, témoignait indéniablement que j'étais nue des poils à la tête et que je ne m'épilais pas; j'avais quasiment la fente ouverte devant les photographes qui canardaient. Je me sentais pénétrée de l'Amérique, je me sentais incarner la vraie nature, envahie du bonheur que l'on ressent quand on ne se pose aucune question.
Les photographes de plateau restaient médusés dans leur tête mais leurs doigts faisaient clic clic et leur langue tournait fort dans leur bouche afin d'humecter leur palais tout séché. Ils changeaient les pellicules à toute allure et recommençaient à appuyer sur leur bitonio avec la même extase qu'un éjaculateur à répétition. Ils ne débandaient pas, devenaient priapiques de moi, c'est comme ça qu'on dit, je les comprenais, ce n'est pas tous les jours que l'on a l'Amérique nue au bout de son appareil!
Le temps qu'ils réalisent ce qui se passait, j'avais déjà disparu. Ils restaient prostrés, haletants, vidés au bout de cette scène de moins de deux minutes comme s'ils sortaient d'une marche de trois jours dans le désert sans nourriture ni eau. Leurs yeux hagards, des bouts de seins encore coincés sous leurs paupières, de la fesse au creux de l'oreille et un mal de rein terrible comme après un effort inaccoutumé, ils restaient encalaminés, bateaux gisants.
J'avais l'impression d'une fin. J'étais heureuse à cet instant mais c'était la fin. C'était mes premières vraies photos de nu depuis le calendrier. Du début de ma carrière à maintenant, ça faisait boucle. Je me sentais le même corps magnifique, mais dans ma tête c'était miné au départ et des mines avaient éclaté.
J'avais tout enlevé de moi et maintenant que restait-il? Que pouvais-je montrer de plus beau, de plus vrai, de plus Marilyn? Être actrice, au fond, ne m'intéressait plus. Je veux dire tout au fond. J'avais réussi à être Marilyn. Par cette séance de photos qui fera la une des journaux et créera un nouveau scandale, j'éclipsais Liz Tailor qui me faisait concurrence. Plus nue que moi, il n'y avait que Norma en peignoir qui ne valait pas un caramel.
Le ler juin, j'avais 36 ans, et je me sentais vidée.